Par Suzanne Corriveau
Lettre à ma petite-fille à venir
Bonjour à toi ma petite-fille à venir dont je ne connais pas encore le nom, mais seulement que tu es de sexe féminin. Tu appartiendras aux femmes du futur. Je t’attends avec impatience et j’ai hâte de voir ta binette. Nous sommes tout un clan qui t’espère afin de t’aimer, t’accompagner, t’écouter et partager tes joies, tes peines, tes réussites et tes échecs dans l’existence que tu auras choisi de vivre. Moi, ta grand-mère Suzanne, je t’aime déjà d’un amour inconditionnel que je t’offre en cadeau. Ta mère et ton père t’ont donné une vie qui sera tienne. Alors, quand tu arriveras sur cette planète, sache que tout est possible. Ainsi, tu pourras choisir la place que tu veux que je joue dans ta vie, car elle appartient. Toi ma petite-fille qui arrivera alors que j’avance en âge et que tu seras au printemps de ta vie, tu réchaufferas mon cœur qui en a tant besoin.
Je me permets de te donner ma première brise de sagesse et d’amour sur la vie : Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité !
Grand-maman qui t’aime déjà
Suzanne
J’ai bien hâte de te bercer sur mon cœur.
Un moment de vie d’une femme de 94 ans que j’ai partagé avec elle
Une pensée à ces femmes qui vont nous quitter bientôt, ces femmes qui ont fait la différence dans l’évolution des conditions de vie des femmes. Celles qui se sont battues pour notre avenir pour qu’on puisse offrir un monde meilleur aux femmes à venir.
Je suis sortie de mon hivernation en cage dorée, de mon l’île déserte, de mon chez moi, de mon placement obligatoire en résidence exigé pour ma sécurité où le soleil est rare, la lumière artificielle et la température sont ordinaire dans ce même décor où circule les mêmes sons. Mais aujourd’hui, un miracle s’est produit, je suis sortie, oui, sortie de ma routine, sortie d’un univers sécuritaire où j’attends la mort, je suis sortie à l’extérieur dans un parc où j’ai vu une lumière du jour éblouissante même avec mes lunettes de soleil. Cette lumière-là qu’avait oubliée ma tête. Cette lumière-là qui dégage une chaleur sur ma peau de même qu’une sensation très agréable, je l’avais perdue quelque part. Cette lumière-là qui a réchauffé mon cœur et cette petite brise sur ma joue m’ont apporté un moment de bonheur que je ne croyais plus vivre à 94 ans. Car les moments magiques avec ma présence d’esprit qui se camoufle se font rares. Avant de retourner sur mon île déserte, j’ai entendu, je ne suis pas sûr, ma maudite mémoire me fait défaut, un chant d’oiseau que j’ai reconnu. Un chant de mon enfance comme lorsque nous passions l’été a la campagne avec le sourire aux lèvres. Le cœur gros, je suis rentrée avec l’espoir de revoir le prochain printemps de mes 95 ans.
Une femme qui a défriché le chemin pour nous.