Par Alexandra Henriques, militante au comité Vigilance-Médias
Nous voici peu après les trois où se vend le plus de chocolat (Saint-Valentin, Journée internationale des droits des femmes et Pâques), mais le public ignore encore les enjeux de santé et de droits de la personne autour de cette substance qu’on associe avec l’innocence de l’enfance et des fêtes heureuses.
Les ventes mondiales de chocolat ont déjà atteint les 200 billions de dollars américains et grimpent : mondialement on en mange plus de 7,3 millions de tonnes par année! Au Canada, en 2015, on a mangé 6,4 kilos par personne; une consommation modeste comparée à l’Europe. Le chocolat est une marchandise à la bourse. Cela veut dire qu’il y a beaucoup de grandes compagnies qui y ont un grand intérêt.
Le cacao a ses origines dans les Amériques et était utilisé par les Mayas et les Aztecs. Cependant, à cause du colonialisme, il est maintenant surtout cultivé en Afrique de l’ouest. On utilise beaucoup de pesticides sur le cacao, surtout le Lindane et le Paraquat – tous les deux classifiés parmi les 12 pesticides les plus toxiques, et tous les deux des perturbateurs endocriniens, cancérigènes, persistants, et biocumulatifs. Ces pesticides affectent les consommatrices et consommateurs, mais aussi l’environnement, et les travailleur-euses agricoles, lesquel-les travaillent généralement sans protection aux pays pauvres. Un deuxième problème consiste en la présence de lécithine de soja dans la plupart du chocolat. Si vous êtes informé-es en matière d’alimentation, vous savez que le soja est une des quatre cultures principales au Canada qui sont génétiquement modifiées.
Néanmoins, avant tout, les plantations de cacao utilise l’esclavage, principalement l’esclavage d’enfants. L’innocence de ces enfants est aussi importante que l’innocence de nos enfants qui mangent le chocolat qu’on leur a acheté. La situation est très complexe. Le chocolat est seulement un des produits, comme le pétrole bon marché, le café bon marché ou encore, le sucre bon marché dont les pays riches ont une dépendance en même temps que les pays producteurs y dépendent désespérément. Ce n’est pas une situation menant à la justice. Le géant suisse Nestlé, coupable des abus contre les droits de la personne depuis déjà 40 ans, est en cour encore une fois cette année (voir les articles en bas).
Comment les consommatrices et consommateurs peuvent faire face à cette situation? Ce n’est pas accablant. En fait, c’est simple : en mangeant moins de chocolat, mais en achetant du chocolat équitable et bio. On évite alors les contaminants, on ne contribue pas à l’esclavage d’enfants et les fermières et fermiers reçoivent un prix juste pour pouvoir soutenir leur famille et envoyer leurs enfants à l’école. Les produits équitables sont meilleurs pour la santé et pour l’environnement, respectent les droits de la personne et garantissent aux fermières et fermiers des prix justes. Cela explique la différence de prix entre les produits équitables et les autres – mais quelquefois il n’y a même pas de différence! Est-ce que cela vaut la peine pour un peu de justice pour les autres?
Sources :
Pour plus d’informations, malheureusement seulement en anglais :
CNN Freedom Project : https://www.cnn.com/videos/world/2017/01/30/chocolate-child-labour-my-freedom-day.cnn